La Transhennuyère : un projet inspirant pour une gestion durable des ressources en eau

Ce 24 mars, la SWDE accueillait les membres de la commission de l'Environnement du Parlement wallon et des représentants de la Fédération des Industries Extractives (FEDIEX) dans ses installations de la Transhennuyère à Gaurain-Ramecroix. Conçue à l'époque pour répondre à une urgence environnementale, cette imposante infrastructure produit de l'eau potable à partir des eaux d'exhaure des carrières toutes proches. Avec le temps, elle est non seulement devenue un modèle de gestion durable des ressources en eau, mais aussi du développement économique.
L'une des plus importantes nappes phréatiques du pays se trouve sous les pieds des habitants de la Wallonie picarde: les calcaires carbonifères du Tournaisis. Bien qu'abondante, cette masse d'eau avait atteint, à la fin du siècle dernier, un niveau tellement bas que les habitants s'en souviennent encore. Le sol s'effondrait brusquement à certains endroits. La nappe était sollicitée pour approvisionner en eau potable la Wallonie picarde, mais aussi la Flandre et le Nord de la France. D'un autre côté, les carrières actives dans la région évacuaient chaque année des millions de m³ d'eau, au fur et à mesure de leur progression dans le sous-sol.
Fruit d'un accord entre les régions wallonne et flamande, de la coopération entre la SWDE, De Watergroep, l'intercommunale IEG et l'industrie carrière, le complexe de la Transhennuyère (Gaurain-Ramecroix) fut inauguré en 2002. Depuis, cette station de traitement transforme l'eau d'exhaure des carrières pour produire 10 millions de m³ d'eau potable. Quinze ans plus tard, que pouvait-on constater ? Alors que la distribution d'eau était maintenue et que les carrières de la région poursuivaient leur activité, la chute du niveau de la nappe était enrayée. On assitait même à une remontée!
Eric Van Sevenant, président du Comité de direction de la SWDE, a souligné combien ce modèle, né d'une urgence environnementale, est devenu inspirant par la suite. De nombreuses avancées quasi inimaginables auparavant ont ainsi vu le jour:
Le modèle s'est développé depuis. La SWDE exploite désormais l'eau d'exhaure de 7 carrières en Wallonie. Un partenariat avec l'INASEP vise la sécurisation de l'alimentation en eau de la Famenne à partir des eaux de la carrière Berthe à Florennes. Ce chantier figure d'ailleurs parmi les 13 projets d'un vaste plan d'investissement de près de 400 millions €. Baptisé Schéma Régional des Ressources en Eau, il permettra de relier, à des réserves d'eau abondantes, des zones du territoire où les ressources posent parfois des problèmes de quantité et de qualité. Les 400 kilomètres d'adduction et la trentaine d'ouvrages neufs qui concrétiseront la finalisation de cet ambitieux projet sont, justement, le fruit d'une coopération entre la SWDE et les principaux opérateurs de l'eau wallons et bruxellois.
De son côté, Benoît Tricot, Inspecteur général Département Environnement et Eau au SPW a insisté sur les efforts entrepris pour une meilleure coopération transfrontalière dans la gestion de ressources partagées. 11 dossiers font actuellement l’objet de discussions entre la Région Wallonne et la Flandre, Bruxelles, la France, les Pays-Bas et le Luxembourg. Ils concernent des eaux souterraines, des eaux de surfaces ou encore des voies navigables.
L'année dernière, la SWDE a signé une convention avec l'entreprise Cosucra de Warcoing. En 2026, grâce à une liaison avec la Transhennuyère, la SWDE pourra fournir, à cette entreprise en forte croissance, les 2,5 millions de m³ d'eau annuels nécéssaires pour sa production. Autant de volumes d'eau que Cosucra ne pompera plus directement dans la nappe phréatique. Ils proviennent, en fait, des eaux d'exhaure d'une carrière exploitée par CCB à Gaurain-Ramecroix.
A l'heure où la Wallonie réfléchit au moyen d'encore mieux optimiser les usages de l'eau, dans un contexte où les épisodes de sécheresse sont plus fréquents, la Transhennuyère peut une fois encore remplir son rôle de modèle pour le futur. Le transfert de l'eau rejetée par une activité industrielle vers une autre activité industrielle, grâce au concours d'un opérateur de l'eau, est une première expérience de gestion circulaire de la ressource en eau. Elle pourrait en inspirer d'autres.